1. La Chapelle Sainte Lucie : l’histoire.
2. La Chapelle Sainte Lucie : ce qu’elle contient.
3. Sainte Lucie, l’œil de Sainte Lucie, la célébration le 13 décembre.
4. L’utilisation depuis 1982 de la chapelle par l’Église Réformée de Corse puis l’Église Protestante Unie de Corse.
5. Présentation de la chapelle par Toussaint Poggionovo.
1. La Chapelle Sainte Lucie : l’histoire
On trouve sur une carte de 1593 la présence de la Chapelle, on ne connaît pas sa date de construction.
Pour rappel : l’Église Saint Érasme, église des pêcheurs, a été construite en 1622, la chapelle Saint Ruchellu dans la rue Fesch a été construite entre 1599 et 1617.
La chapelle Sainte Lucie continue d’être mentionnée sur toutes les cartes successives d’Ajaccio jusqu’à nos jours, son adresse actuelle est 79 Cours Napoléon.
Il est à noter que jusque dans les années 1900, cette chapelle est située hors de la ville d’Ajaccio.
On trouve au 71 Cours Napoléon le Bar de l’Octroi.
L’octroi est une contribution indirecte perçue par les municipalités à l’importation de marchandises sur leur territoire.
Alors que l’octroi est un prélèvement sur la valeur des marchandises, le péage est un droit perçu sur le passage des véhicules voire des personnes. L’octroi eut longtemps une double finalité ; il permettait d’une part le contrôle de l’import/export ou du simple transit des marchandises et contribuait à limiter la contrebande. (Wikipédia)
Cet impôt est définitivement supprimé en 1948.
On trouve même des cartes postales datant des années 1890/1900 sur lesquelles il n’existe aucun bâtiment autour de la chapelle.
A noter, dans l’acte d’achat par la mairie d’un terrain pour y construire un théâtre qui deviendra ensuite la Poste Centrale du Cours Napoléon, le terrain est désigné comme situé Cours Sainte Lucie.
Aujourd’hui, la Chapelle est propriété de la commune et affectée au culte catholique (loi de 1905) voir plus loin.
2. La Chapelle Sainte Lucie : ce qu’elle contient
2-1 La grille d’entrée, au niveau du Cours Napoléon, est un morceau de l’ancienne enceinte qui entourait le crucifix (voir carte postale ci-dessous). Pour des raisons de sécurité, cette grille a été modifiée dans les années 2000 pour sécuriser l’accès.
2-2 Le crucifix
La croix, jusque dans les années 1990, était en bois ; elle a été remplacée du temps de l’Abbé Gilbert Rosset par la croix en fer actuelle, l’ancienne croix menaçant de s’effondrer. La statue du Christ a été conservée, aucune précision concernant cette sculpture.
2-3 Les deux fenêtres : Sur chacun des rebords à l’extérieur : deux ex-voto ont été insérés.
A droite « Elamosina per la madre del divino amore » (Aumône pour la mère du divin amour).
A gauche « Elamosina per Ste Lucia » (Aumône pour Sainte Lucie).
A noter, le travail des grilles de défense en fer forgé, en particulier l’entrelacement des barreaux. Les grilles en losange ont été mises pour éviter aux oiseaux de pouvoir rentrer.
2-4 La porte d’entrée en châtaignier, elle a été refaite du temps de l’abbé Rosset dans les années 1990, seules les deux grilles en fonte moulée ont été conservées (pas de datation).
2-5 Les statues
En entrant à gauche, Sainte Anne et Marie.
A droite St Antoine de Padoue. A noter jusqu’en 2018, il y avait une statue de Saint Etienne qui a été déplacée à l’Église Saint Roch sur le Cours Napoléon.
Au milieu à gauche, Saint Martin. On trouve, dans divers documents, que cette chapelle était dédiée à Sainte Lucie et Saint Martin.
Au milieu à droite, Sainte Lucie, statue qui a été restaurée en 2022 (voir au paragraphe 3).
Saint Étienne, Saint Antoine de Padoue, Sainte Anne, Sainte Lucie, Saint Martin © Isabelle Alègre
2-6 Le tableau derrière l’autel
La notice Palissy (Référence de la notice PM2A000245 ) indique :
Tableau : Vierge à l’Enfant, saint Martin, sainte Lucie et sainte Apollonie d’Alexandrie (manifestement il s’agit d’une erreur il n’y a pas Sainte Apollonie sur ce tableau)
Ajaccio : chapelle Sainte-Lucie
Peinture : Rectangulaire vertical
Toile (support) : peinture à l’huile
Auteur de l’œuvre ou créateur de l’objet : inconnu
Siècle de création : Limite 17e siècle 18e siècle
Description historique : École italienne
La notice Palissy (Référence de la notice M2A000253) indique :
Titre courant : Tableau saint Martin
Ajaccio ; chapelle Sainte-Lucie ce tableau se trouve en réalité dans les réserves du Musée Fesch
Peinture : Rectangulaire vertical
Toile (support) : peinture à l’huile
Auteur de l’œuvre ou créateur de l’objet : inconnu
Siècle de création :17e siècle
Description historique : École italienne
La bannière de procession (Saint Martin)
La notice Palissy (Référence de la notice PM2A000433) indique :
Titre courant : Bannière de procession
Ajaccio ; chapelle Sainte-Lucie cette bannière se trouve en réalité dans les réserves du musée Fesch
Tissu
Siècle de création : 19e siècle
3. Sainte Lucie, l’œil de Sainte Lucie, la célébration le 13 décembre
Sainte Lucie
La tradition rapporte qu’au IVème siècle, Lucie, à force de prière à la Vierge Marie, voit sa mère guérir d’une maladie incurable. Pour prouver son dévouement absolu à la Vierge, elle s’arracha les yeux et les jeta à la mer. En réponse à cette dévotion, la Vierge Marie lui rendit la vue et lui donna des yeux plus beaux et plus lumineux. Elle meurt en martyr.
Complément : si vous observez bien la statue de Sainte Lucie présente dans la chapelle, vous constaterez que l’artiste qui l’a réalisée a suivi cette tradition, puisque les yeux qui sont sur le plateau (qui représentent les yeux que Lucie se serait arraché) sont en plâtre, alors que les nouveaux yeux sont en verre. On trouve sur la statue une palme, attribut des martyrs.
L’œil de Sainte Lucie
Cet opercule en nacre orangé est appelé « œil de Sainte-Lucie » par les pêcheurs de Méditerranée. Il est associé à l’argent et à la prospérité et se conserve comme porte-bonheur.
La célébration le 13 décembre
Tous les 13 décembre, jour de la Sainte-Lucie, la chapelle est utilisée par l’Église Catholique pour y célébrer messes et adoration du Saint Sacrement.
A noter dans cet article du journal Le Provençal La Corse en date du 14 décembre 1996 :
6 messes sont célébrées ainsi que l’adoration du Saint Sacrement.
Mais surtout, on trouve la dimension œcuménique de cette chapelle puisque le 14 décembre une veillée en chanson est organisée par l’Église réformée de Corse, avec Noël Colombier qui est un chanteur catholique.
4. L’utilisation depuis 1982 de la Chapelle par l’Église Réformée de Corse et l’Église protestante unie de Corse
Jusque dans les années 1980, le culte réformé avait lieu à Ajaccio à la Chapelle anglicane cours Grandval. – Ce temple construit par Mademoiselle Thomasina-Mary-Ann-Elisa CAMPBELL était devenu propriété de la Intercontinental Churh Society, association de bienfaisance à but non lucratif, ladite société de nationalité anglaise, qui décide de le vendre. La mairie d’Ajaccio l’acquiert par acte en date du 26 juillet 1982.[1]–
L’Église réformée n’ayant plus de lieu pour célébrer ses cultes, l’Évêque de Corse de l’époque, Monseigneur Tomas (Evêque de Corse de 1974 à 1986), propose de mettre à la disposition de l’Eglise protestante la Chapelle Ste Lucie.
Depuis cette date, la chapelle est utilisée tous les dimanches par l’Eglise réformée de Corse (devenue en 2013, l’Eglise Protestante Unie de Corse). Le 13 décembre, la chapelle est rendue au culte catholique.
Au cours du temps, l’Eglise protestante a voulu que ce lieu soit utilisé pour des activités liées à la paroisse en dehors du seul dimanche matin : Marché de Noël, Foire aux livres, expositions durant les Journées européennes du patrimoine et la semaine suivante, concerts et conférences, durant deux étés la Pause du vendredi, les Mercredis de Sainte Lucie depuis 2021.
[1]Informations issues de l’acte en date du 26 juillet 1982, publié à la conservation des hypothèques d’Ajaccio le 12 août 1982 sous le numéro 3327/25
5. Présentation de la chapelle par Toussaint Poggionovo
En guise de conclusion
Depuis 1982, la Chapelle Sainte Lucie est un des signes de l’œcuménisme en Corse, ce n’est pas le seul puisque régulièrement, que ce soit à Ghisonaccia, Sartène, l’Île-Rousse et depuis quelques années Bastia, les célébrations protestantes ont lieu dans des églises catholiques.
Dans les années 1990, Présence Protestante (l’émission protestante sur France 2) nous propose de faire l’enregistrement télévisé du culte à la chapelle Sainte Lucie. Tout se met en place et compte tenu de la spécificité du lieu de culte, le réalisateur propose de commencer le culte par un petit mot de l’abbé Rosset. L’enregistrement à lieu devant la chapelle et à la question du réalisateur : pourquoi prêter cette chapelle à l’Église Réformée? La réponse de l’abbé est simple : parce catholiques et protestants, nous travaillons pour la même famille qui est celle du Christ.
Au milieu d’un monde en perpétuelle évolution, nous voulons vous laisser cette photo de la chapelle que nous avons intitulé : Signe de Foi. Le monde bouge, évolue mais la petite chapelle reste là ; illustration de l’invitation que Christ adresse à chacun de nous d’être signe de sa présence dans ce monde.