Édito
Après quelques semaines passées parmi vous, il me traverse cette réflexion sur la vie. J’ai découvert la vitalité d’une communauté, toute petite dans ses lieux de cultes, plus large dans son rayonnement grâce à la toile et aux bulletins, mais surtout habitée d’une dynamique bien vivante là où j’ai pu la croiser. Un jeune et nouveau conseil promet de porter cette communauté avec un juste équilibre d’enthousiasme et de confiance. Il est entouré de personnes qui apportent joie et compétences.
La vie, nous pouvons la célébrer en ce mois de novembre qui paradoxalement est le mois des morts ou de la mort. La nature entre en dormance. La sève se retire dans la chaleur de la terre, les journées sont de plus en plus courtes …
Les sujets de nos lectures bibliques du dimanche tournent autour de la veille et des temps derniers.
Le mois de la mort me fait penser à un film d’Almodovar qui commence avec l’agitation des femmes dans un cimetière. Elles astiquent les tombes avec une énergie inégalée. En Corse, il existe parait-il le Panu di i morti – le pain des morts. On le trouve sur les tombes le 2 novembre, jour des morts dans la tradition catholique. Les cimetières sont bien souvent l’autre face de la vie. On y organise la mort comme on a vécu.
Vie et mort ? Dans le Nouveau Testament, Bios et Zoé sont deux mots grecs qui désignent la vie. Alors que Bios désigne la vie naturelle, le biologique aura comme dérivé en français le mot violence.
Zoé est habituellement accompagné de l’adjectif « éternel » et désigne la vie dans ce que l’on ne peut lui dérober. Non pas une vie illimitée mais une vie sauvée. Une vie déjà sauvée alors qu’elle siège dans un état caché. Elle se perçoit comme une promesse ouverte par la grâce, elle est entrée dans un processus de confiance.
L’homme riche de l’évangile de Marc au chapitre 10 cherche un passeport pour le monde à venir. Jésus lui fait découvrir que son vrai soucis ne se situe pas dans l’avenir mais bel et bien dans le présent. La chose qui lui manque dans l’immédiat, c’est d’être libre à l’égard de son avoir.
Le père de l’enfant épileptique s’écrit « viens au secours de mon manque de foi » et l’enfant est libéré. Bartimée n’a rien à perdre et adresse au maître une demande de guérison. Les deux sont libérés parce qu’ils ne retiennent rien et qu’ils s’offrent dans une relation comme Dieu s’offre à nous par grâce.
Si la tradition protestante n’a pas de culte des morts, elle célèbre à tous moments la vie-zoé. La vie se décline dans le présent avec les vivants comme une grâce. Et le souvenir de nos proches qui ne sont plus physiquement à nos côtés peut alors paisiblement être évoqué.
La vie plus forte que la mort éclot dans nos relations, dans nos communautés, dans notre préoccupation écologique : inventons-la!
Merci à vous pour les signes de vie qui nous ont été donnés de reconnaître au fil de nos rencontres !
Danièle Becker-Morel